la journée de la jupe
on la regardait passer de main en main, seule détentrice de pouvoir, cette arme qui finirait par avoir le dernier mot, que ce fût celle-là ou une autre quelle importance, on n’entendait que le tir du pistolet, on ne respectait que le braquage, d’un flingue ou d’une caméra pareil, on assistait, comme au théâtre, statique sur sa chaise en plastique de salle polyvalente, au quotidien malmené d’un lycée de seine-saint-denis qui ne mobilisait ni les esprits, ni les syndicats, ni les politiques concernés, on apprenait que les diffuseurs censuraient le film en banlieue qui, argumentaient-ils, n'en ressentait pas le besoin, on comprenait alors qu'il n'y avait pas d'autre solution que l'attaque et que l'on prenait la parole comme on prenait la bastille, à coups de feu, on y laisserait sa peau mais ça valait la peine