27.3.08

le mauvais coup



on triche, c'est vrai, on ne joue pas le jeu, on omet des éléments, on ne parle pas de l'essentiel, on n'essaie pas — du moins chaque essai est relégué par l'un ou par l'autre en attente d'une meilleure occurrence — on garde des secrets, peut-être que l'on prépare quelque chose, un mauvais coup, peut-être que l'on a rejoint à force d'identification les traîtres que l'on admirait, mais trahir c'est aimer, trahir c'est protéger, c'est jouer un rôle pour ne pas décevoir, vous trahir, croyez-le ou non, c'est pour votre bien

22.3.08

l'animal furieux



les jours sont irréguliers, le sourire va et vient comme un cheval sauvage, pris au piège d'un enclos étroit, il rue dans les barrières et nous désarçonne, puis s'éteint brusquement, bête morte, sa robe noire et luisante frémissant de colère, tu quittes la pièce et je ne te suis pas, l'animal furieux souffle tel un dragon, ses naseaux fumants, j'en évite l'encolure et l'espoir d'amadouer, le dompteur se retire, le sourire ne plie pas, il cabre et se révolte, sa liberté est reine, son éclat reviendra, je l'attends, impassible

18.3.08

les âmes perdues



les nuits sont irrégulières, le sommeil va et vient comme un amant acharné, nous abandonnant sans souffle, le corps en sueur, les draps froissés, tu te lèves, quelques pas dans l'obscurité et je me lève à ta suite, nos âmes perdues, les rêves pourtant sont habités d'éclats de rire et de soleil, face au matelas vide nous les observons, ils cherchent un hôte sur les oreillers délaissés puis s'échappent de la chambre, déçus, le matin écrase ses doigts sales sur les fenêtres du salon, dormons à présent, mon amour

15.3.08

l'année charnière



après les fêtes américaines, janvier, dans sa deuxième moitié, avait eu raison de notre moral, février avait confirmé les appréhensions de janvier, mars avait pour sa part ramené avec le beau temps les bonnes nouvelles, maintenant que l'on avait confié une certaine idée de l'emploi du temps aux mains professionnelles d'un écrivain-éditeur avant-gardiste, on cherchait à l'orée du printemps un nouveau souffle, on prévoyait paris en avril, il fallait revenir à la ville, s'ancrer dans la vie, mai serait capital avant la possible reprise du travail en juin, l'été viendrait compléter l'impression que 2008 était une année charnière, on rebondirait de mois en mois jusqu'à l'automne et la perspective d'un nouvel hiver à l'étranger, on avait goûté à la liberté, on n'avait pas l'intention de faire marche arrière

3.3.08

la publication



«c’est une expérience de cet ordre que je présente ici : confrontation simultanée, jouant de son temps réel, entre un qui fait des images et un qui tient récit; et la trace, fixée au jour le jour, nous lègue ces variations d’échelles, ces signes soudain isolés de la masse cinétique; comment s’approprie-t-on une ville quand, lorsqu’il s’agit de new york, on en a déjà un visage tellement préconstruit que seule la marche, l’attente, la plus légère bascule peut rétablir l’expérience comme neuve ?»
françois bon, publie.net