la mort du cygne
passées cinq minutes, l'homme derrière moi estimait que le spectacle ne lui plaisait pas pour le moment, ça toussait vers le milieu de la salle, repris en écho plus bas, puis plus haut, devant moi une femme marquait sa désapprobation par des soupirs appuyés, relayée par les mouvements d'imperméable de son mari, passées dix, l'homme confirmait son sentiment, ça crachait à présent, ça s'étouffait, ça éternuerait ensuite, la maladie évoluant, devant moi la femme s'emballait en s'étirant à la grande joie d'un couple qui commentait ses réactions et l'éventualité de quitter le théâtre, à vingt-et une heures dix-sept un danseur promenait un réveil lumineux sur scène, donnant la mesure du temps aux spectateurs qui s'ennuieraient et à ceux qui, déjà, claquaient leur strapontin, qu'importait que le cygne sublimé meure une fois, deux, dix, la vie, bruyamment, continuait
4 Comments:
J'ai d'abord cru que vous faisiez allusion à la pièce Un tramway qui se joue actuellement au Théâtre de l'Odéon. Je ne l'ai pas vu encore mais les réactions de "votre" public m'ont immédiatement fait penser à la critique de Fabienne Darge "Un "Tramway" qui fonce dans le vide", publié dans Le Monde où elle décrit un spectateur à l'agonie :" "Pitié !", a crié un spectateur du haut du premier balcon, à la fin de la représentation, le soir de la première, jeudi 4 février, au Théâtre de l'Odéon, tandis que beaucoup d'autres, au parterre, majoritairement composé d'invités, applaudissaient avec enthousiasme. Il faut bien confesser d'emblée que l'on était plutôt du côté de ce "pitié ! " tombé du ciel, tant l'on priait pour que s'arrête enfin ce Tramway lancé à fond la caisse dans le vide intersidéral."
Évidemment, la remarque m'amuse mais inquiète le chèque d'une trentaine d'euros qui se baladent entre mon bureau et le théâtre pour me permettre d'assister à l'oppressante représentation...
si vous hésitez cela dit — et que de surcroît vous avez une place supplémentaire (et qu'en plus nos dates parisiennes concordent) — je vous rachète le lot et vous promets un comparatif élaboré de la crise de toux chez monnier et chez huppert
amicalement,
lo.
Si les places n'eurent été un cadeau et si la difficulté pour les obtenir eut pour sa part été moindre, je vous les aurais volontiers remises. J'affronterai donc Huppert dans l'espoir que le tramway ne me roule pas dessus.
AcC
le tramway ne se nommait donc pas Desir.
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