l'œil
on parlait photographie, on se disait que c'était une question d'œil, ce n'était pas anodin de prendre une belle photographie, il y avait le cadrage, la profondeur, on parlait des paysages, qu'y avait-il de plus ingrat qu'un paysage, on pensait l'un comme l'autre que les photographies de paysages étaient d'un ennui profond, pourtant tu avais pris toi-même des paysages en photo, et c'était des photographies magnifiques, on en revenait à l'œil, tu disais que de toute façon les gens s'extasiaient sur les paysages, quelle que soit la qualité de la photo, je pensais à l'inverse que c'était horrible, finalement, de ne pas avoir l'œil pour le cadrage ou la profondeur, il m'apparaissait que de la même façon que des gens sont sourds à la musique ou hermétiques à la littérature, la population non-photographe, dont je faisais malheureusement partie, était sans doute incapable d'apprécier les lignes et les reliefs d'un paysage exceptionnel, de sorte que le monde, extraordinairement riche aux yeux du photographe, n'était rien d'autre qu'un vaste champ de couleurs aux yeux des autres, qui s'en satisfaisaient pourtant -je quittais alors leurs rangs
4 Comments:
Il y a tant d'autres raisons d'aimer un paysage, ne serait-ce que parcequ'il est juste une réflexion dans le vide.
"L'oeil était dans la combe et regardait, ah, hein?"
(célèbre contrepèterie de Victor Hugo)
"L'autre est toujours perçu comme quelqu'un à voir et non comme quelqu'un qui voit aussi"
Susan sontag.
à priori la profondeur n'est pas que dans le paysage..
l'auteur a-t il un 3eme oeil?
l'essentiel n'est il pas de se fondre dans le paysage et ne faire plus qu'un avec lui?
de faire corps avec cet espace,cette immensité et de se dire finalement que,si petit et insignifiant,nous nous faisons partie de cette grandeur!!!!
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