22.3.10

la machine



j'occupais un bureau au rez-de-chaussée d'un espace ouvert où les informations fusaient d'un poste à l'autre, je m'intégrais progressivement, prenant soin de ne pas trop en dire, je laissais de côté l'écrivain pour ne mettre en avant que le rédacteur, je me tenais disponible à la tâche et, de bonne volonté, j'acceptais les contraintes, éditoriales comme horaires, je m'adaptais facilement, il suffisait d'être à l'écoute et j'avais été en manque de cette matière que le cerveau assimilait en un temps record et recrachait à sa façon, j'apprenais vite et beaucoup, je me surprenais parfois, quand un survol désintéressé de la documentation laissait des traces précises et utiles au travail demandé par la suite, je m'étais cru mort mais je n'étais qu'en latence, il suffisait d'actionner le bon interrupteur et la machine se réveillait

christian boltanski, personnes, grand palais