12.11.06

les tripes



pendant la soirée, tu avais évoqué le passé en rappelant à tes amis que pour l'enfant qui dormait dans la chambre voisine de la salle à manger où vous dîniez, vous étiez des adultes, et l'excitation qui devait l'habiter avait ressuscité celle que tu vivais quand tes parents recevaient à la maison, vous deviez, ton frère et toi, venir dire bonsoir en pyjama avant d'aller vous coucher sagement, du moins le croyait-on, les uns après les autres vous aviez partagé vos souvenirs d'enfance, les notes se bousculaient dans ta tête, les possibilités, tu savais que l'écriture était intarissable, tu souriais quand tu entendais un écrivain dire qu'il n'avait pas d'imagination, ou qu'il cherchait une idée pour son prochain roman, l'imagination n'existait pas, ce que les écrivains en mal d'histoire cherchaient en vain c'était l'engagement dont ils ne faisaient pas preuve, ils piochaient alors dans les faits divers et les drames historiques, effectuaient des recherches épuisantes qui après dix ans d'un travail laborieux aboutissaient à des pavés documentés (ils insistaient sur cette notion-là) qui remporteraient à coup sûr un prix littéraire, l'académie récompensait le rabâchage, jamais l'intégrité, l'intimité ne faisait pas recette, les tripes n'étaient admises que lorsque c'était celles des autres que l'on offrait en pâture

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

venue ici sur les conseils de Kuta, je ne regrette en rien cette petite escarpade dans un univers de mots bien choisis, ou la sensibilité à fleur de peau se lit entre les lignes et me laisse sur ma faim...
Véronique

21:19  
Anonymous Anonyme said...

Oh
oooh
j'adeure
j'adhère
j'adore
difficile de dire autre chose, d'ajouter, c'est pourquoi je suis moi aussi votre lectrice silencieuse, le plus souvent

un beso

15:59  

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