8.11.06

la mort



parfois la mort de l'amie leur sciait bras et jambes, leur coupait le souffle, elle les abasourdissait, les laissait hébétés, inutilement incrédules, sur le bord d'un trottoir, ou face à face au restaurant, la fourchette au niveau de la bouche, et la bouche ouverte pour des mots qui ne viendraient pas, et s'ils avaient cru que passé le choc de l'annonce, la vie reprendrait ses droits, ils comprenaient à leurs dépends que la mort de l'amie, quotidiennement brutale, les hantait presque davantage que la maladie sournoise qui l'avait emportée l'avait fait en son temps
à d'autres moments pourtant, ils se disaient qu'ils en faisaient trop et que cette mort, qui n'était ni la première ni la dernière qu'ils auraient à supporter, abusait largement d'eux