18.11.06

l'investiture



la panique des enfants est abominable, le moment où leur corps se raidit, suite à une phrase dite nonchalamment ou dans le but de les amuser, le visage se transforme, la grimace habite les traits sans limite, elle rampe sur les expressions comme une pieuvre soudée à sa proie, la crise est soudaine, elle est inexplicable dans le sens où l'enfant n'a aucun moyen à sa disposition pour rationaliser la peur, il ne peut que la subir, tétanisé, avant les pleurs, avant les cris, le tremblement des petits membres et la crispation des petits poings, ce qu'il y a d'abominable dans ces crises-là, c'est la confiance trahie et la responsabilité des adultes, le rôle joué, le devoir de rassurer que l'on a, l'investiture brutale, inattendue, et l'avenir de l'autre, là, dans ses mains, qu'il faut reconstruire sans faille, en colmatant les brèches, en s'excusant aussi, à la place des coupables, du mal que l'on fera encore