l'opéra
il n'y avait aucune façon de rendre l'émotion que provoquait chez moi l'écoute de l'opéra contemporain que tu avais rapporté de paris, les mots ne diraient jamais le rythme ni la répétition, seule la danse aurait eu une chance de reproduire charnellement la qualité particulière des enchaînements, comme cette chorégraphe belge qui tournoyait sans cesse contre son ombre sur la musique de phil glass, les voix se perdaient ici sous les notes, les accords dissonaient en crescendi assourdissants, il y avait des musiques à écouter paisiblement et des musiques à vivre violemment, à ressentir au fond de soi jusqu'à l'insupportable, tellement fort que j'en avais quitté le lit à la première écoute, incapable de supporter la position allongée, il avait fallu que j'écrive, il avait fallu, comme face à la chorégraphe belge, que l'art se confronte à l'art qui lui-même se confrontait à l'art, en ombres, en miroirs, en échos, il y avait des moments où l'art se vivait passivement et d'autres où il fallait le prendre en mains, en ventre, le faire sien, l'internaliser et à partir de lui, créer à son tour au risque de l'écueil, ou de la folie
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