2.5.06

le deuil

tu as perdu quatre mille photos, le disque-dur a fait le bruit étrange et inquiétant d'une bombe à retardement qui pouvait exploser à tout instant, et c'est exactement ce qui s'est produit, comme dans un épisode de mission impossible, la fumée blanche en moins, les données se sont auto-détruites, tu as tenté de les retrouver, tu as confié ta machine à des mains qui, quoique expertes, n'ont rien pu en tirer, tu as fait le deuil des images, des prises de vue de nos vacances, de ma jeunesse, de mes cheveux courts et de mon corps d'été, des mosaïques turquoises de la tunisie et des avenues enfumées de la grosse pomme, des rives du balaton et des vieilles portes de villequiers, tu n'as pas pleuré mais quelque chose en toi s'est verrouillé le jour où l'on t'a annoncé que l'on ne pourrait rien y faire, que les photos étaient bel et bien perdues, tu n'as plus touché ton appareil numérique, j'ai cru que ce serait définitif, comme un amant qui trahit repousse malgré lui la main qui le caressait, tu as tourné le dos au talent que tu as, le sens des lignes, tu as fermé les yeux sur ton œil unique, tu as fait mine de le vivre bien mais il y avait un trou dans ta mémoire, une lacune de quatre mille images que tu ne reverrais plus jamais, j'ai cherché alors à reconstruire ce qui était perdu, j'ai lancé des fils, j'ai animé la toile, j'ai récupéré sept photos, tu as souri quand je t'ai offert le cd pauvrement fourni le jour de noël, tu as pris ton appareil devant le sapin illuminé, et avec le plus beau des sourires, tu as fait une photographie

8 Comments:

Anonymous Anonyme said...

.
C'est vrai ?
Peu importe si c'est vrai, mais c'est sans doute vrai quand même, et c'est beau et émouvant.
Et puis c'est une coïncidence, je viens enfin, aujourd'hui, de m'acheter un appareil numérique. Pour peut-être vous donner aussi des photos. De maintenant, de moi maintenant, des objets, pas de mes fesses en caleçon, ni de moi, parce que là, il faut quelqu'un pour faire la photo, et il n'y a pas. Mais bon. Il est là dans sa boîte. J'ai lu le mode d'emploi, je l'ai laissé dans sa boîte, découragé.
Il s'appelle Nikon Coolpix 4600. C'est rien du tout. Il est dans sa boîte, comme un oiseau acheté pas cher au rayon animalerie, et qu'on n'aurait pas encore libéré, parce qu'on a oublié d'acheter une cage pour lui.
JP a vraiment tout perdu ? Il repart à zéro, comme dans la chanson ?
Ou bien c'était il y a longtemps ?

02:28  
Anonymous Anonyme said...

la vérité -sans caleçon ;-)
tu avais contribué toi-même à la reconstruction avec une photo de bowery, tu t'en souviens?
je ne sais pas si jp repart exactement à zéro, ce serait à lui de te chanter la chanson…
bienvenue à coolpix (coolname)
lh.

08:21  
Anonymous Anonyme said...

Mais oui, bien sûr. C'était autour de Noël... :O)

16:20  
Blogger ECHINE said...

Emu.
Emu et touché.
Magnifique texte, merci.

JP, j'ai assez l'âme archiviste et je compatis terriblement à ce qu'il t'es arrivé.
Ce qui ne sert à rien.

Mais quand même.

19:45  
Anonymous Anonyme said...

Le deuil n'était pas à faire mais à écrire. Tout est bien qui finit bien, donc.

08:24  
Anonymous Anonyme said...

mon ami Manuel s'excuse encore de son échec après la tentative de récupération des données sur ledit disque dur...

13:08  
Anonymous Anonyme said...

"finit", shaggoo…?
et pour manuel, mo : "mains expertes" demeure, quel que fût le résultat
amicalement,
lh.

18:25  
Anonymous Anonyme said...

un seul être vous manque et tout est depeuplé.
on peut tout me prendre, tout me voler. Personne ne pourra m'arracher les souvenirs enfouis dans ma mémoire.tous ces moments magiques,inoubliables gravés dans mes muscles et dans mon corps.Dans mon coeur,cette liqueur et dans mon sang quelquefois de la haine. Je ne suis pas une machine. je hais les machines.

18:27  

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