15.4.06

immortel



il n'y a pas de raison d'avoir peur, les fantômes n'existent pas, il n'y a pas de raison de trembler, les rues sont désertes, pas une âme qui vive, l'expression consacrée, ça veut dire que même les âmes, immortelles, sont mortes pourtant, une expression terrifiante mais il n'y a pas de raison d'être terrifié, les expressions ne sont que des mots comme les rues désertes ne sont que des traverses embrumées, balayées par un vent froid, on pourrait croire, à travers le brouillard, qu'une forme apparaît, on pourrait croire y déceler une ombre, une silhouette, une mèche de cheveux noirs, une démarche inquiétante, il n'y a pas de raison d'avoir peur mais la peur vient quand même, la nuit, quand mes yeux s'ouvrent sur le miroir, au dessus du lit, il pourrait s'y refléter un visage inattendu, tu pourrais te redresser, derrière moi, menaçant, je repousse les draps, je marche dans l'obscurité, l'appartement est une allée silencieuse, je glisse d'une pièce à l'autre, mes mains dessinent leur paume sur les carreaux des fenêtres, je retiens mon souffle, je scrute les toits, il n'y a jamais personne, il ne se passe jamais rien, la lumière du frigidaire baigne d'un halo glacé les ustensiles de cuisine, je range la bouteille dans la porte, la soif n'est qu'une excuse, la peur est une amie, une présence noire qui caresse mon cou, s'étend à mes côtés, m'enveloppe dans sa robe et m'accompagne, fidèle, le long des rues désertes que vous n'arpentez pas, qui résonnent des paroles oubliées des défunts -et, le message délivré, leur sourire triste, parfois, m'émeut

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Les fantômes existent. Autant qu'existe le brouillard...

00:34  
Anonymous Anonyme said...

Si je devais voir ou rencontrer un fantôme, oui, sans doute, m'a vie en serait changée. Car cela prouverait au moins qu'il existe quelque chose au delà de nous. Même de manière temporaire. Même de manière floue.

Je me demande si finalement cela serait une bonne chose que d'en voir ou d'en rencontrer un...

13:00  
Anonymous Anonyme said...

d'une pierre trois coups :
je tenais la réception d'un hôtel parisien, je ne savais pas comment passer le temps, j'écrivais sans conviction un roman d'heroïc fantasy (en anglais, histoire de pimenter la sauce), l'hôtel était vide ou presque, mes allers-retours du comptoir au petit salon qui le jouxtait étaient stériles
puis
un livre usé, posé sur une table, que je n'avais remarqué à aucun moment, ce n'était pas possible qu'il ait échappé aux femmes de ménage, ou à mon regard qui balayait la pièce sans arrêt
anne rice, the vampire lestat
les fantômes existent, oui
lh.

21:45  

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