la cohabitation
audrey était le prénom que tu t'attribuais quand tu étais une jeune fille enfermée dans un corps masculin, tu avais écrit un texte à propos de tes amis, tu y avais ajouté un personnage qui portait ce prénom-là, qui était une autre version de toi en somme, mais au féminin, laurent cohabitait avec audrey, c'est-à-dire que dans cette histoire tu apparaissais deux fois, laurent donnait le change pendant qu'audrey tombait amoureuse ou malade, et vivait la vie que tu ne vivrais jamais, ce n'était pas de l'ubiquité, ni un véritable dédoublement de personnalité, c'était plutôt une trahison précoce qui avait permis au garçon et à la fille qui se partageaient ton corps de se haïr en toute impunité au sein de ton esprit, l'empoisonnement était quotidien, le travail de sape, la cellule était infiltrée, tu en subissais les conséquences en te mordant les lèvres, tu étais l'origine du complot, le responsable, c'est toi qui avais ouvert les portes à l'ennemi, la question demeurait de qui, entre audrey et laurent, aurait le premier la peau de l'autre, tu te demandais aussi si, enfin unique, tu te survivrais
1 Comments:
Ce qui me paraît dangereux, c'est de lui donner un nom, de la fixer par un nom, et un âge. Depuis le tout début, j'ai refusé de la nommer, et elle a vieilli relativement moins vite que moi. Dans les bons jours, je l'appelle LA PERSONNAGE. Il faut rester le démiurge. La question pour moi, c'est : quand on commence à l'oublier, est-ce un signe salutaire, ou le début de la fin ?
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