8.4.06

l'autre film



je n'aime pas le film, c'est immédiat, quelque chose me dérange, je ne suis pas à l'aise, j'étais sorti lors du précédent, plutôt celui d'avant, je n'avais pas envie d'aller jusqu'au bout, je me disais que je voulais bien la violence dans les livres, mais au cinéma, avec l'image, je n'étais pas aussi certain, le film d'après c'était mieux, celui d'avant celui d'avant aussi, et celui d'avant les deux précédents mieux encore, c'était peut-être le premier, ou le deuxième, je n'avais rien contre la violence, je n'ai rien contre la violence, je n'ai rien contre la jeunesse, je n'ai rien contre l'image de la jeunesse au cinéma, contre une image documentaire de la jeunesse, je n'ai rien contre les documentaires au cinéma, je n'ai rien contre les documentaires, je n'ai rien contre les réalisateurs qui montrent une certaine image de la jeunesse, je n'ai rien contre ce que la société a fait de la jeunesse au fil du temps, quand je dis que je n'ai rien contre, je veux dire que je n'ai aucune façon de m'en protéger, je ne me sens pas en danger, je crois que la jeunesse est en danger d'elle-même, je crois que je ne suis plus jeune depuis longtemps, je crois que c'est terrible, le décalage qu'il y a entre la jeunesse et ceux qui comme moi, à moins de quarante ans, ne sont plus jeunes, je me demande si avoir des enfants raccorde les adultes à la jeunesse mais je ne suis pas du tout persuadé que les parents aient la moindre idée de la violence que vivent leurs enfants, si c'était le cas ça se saurait, la violence de la jeunesse, qui n'est pas leur violence mais celle à laquelle ils sont confrontés, celle qu'ils reçoivent et qu'ils donnent en miroir, je n'ai rien contre l'idée qu'un réalisateur de cinéma la filme, parce que c'est un adulte qui entend, qui comprend, qui partage, qui s'inquiète sûrement, qui absorbe, un artiste, le réalisateur du film que je n'aime pas a sans doute vu la jeunesse, il la filme près de la réalité, très très près de la réalité, et c'est cette proximité du réalisateur, sur les lèvres, sur la peau, sur les corps, je le comprends soudain, alors que ça n'avait jamais été le cas avant, quelle que soit la scène intime, sexuelle ou violente que j'avais sous les yeux, c'est cet insoutenable alibi de la caméra, du film documentaire pour toucher au plus près la jeunesse, qui m'éloigne brusquement de l'écran et, les sourcils froncés, je regarde un autre film

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Petit à petit, mais sans-doute sans lien, je me souviens du "Ken Park" de Larry Clark, de quelques Besson détestables (quasi sans-cesse détestables).
Petit à petit, je me dis que la "représentation" de l'actualité ne sert que leurs auteurs. Qu'il y a commerce. La jeunesse, comme commerce, je baisse la tête par dépit.
Alors quand ça gueule dans les rues, même pour un juste cri, je me demande par quelle sorte de ruse les "presque moins de 40" ans sont devenus des vieux, des "non-commercialisables", des gars sans écoles à défendre...
Je sais du moins que tout média désormais à perdu pouvoir sur moi.

00:24  

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