30.3.06

l'alias



jeanpierre affirmait que tu étais emmanuel quand de mon côté j'étais sûr du contraire, comme quoi la schizophrénie pouvait fonctionner et tes interventions ne desservaient pas le propos, on pouvait aller jusqu'à croire à une véritable folie qui te poussait à doubler ton écriture pour te mettre toi-même en contradiction
je disais que ce que tu proposais approchait l'art contemporain d'une manière subtile, je disais à jeanpierre que tu aurais pu juste annoncer une pause, prendre du recul, ce que n'importe qui d'autre aurait fait, mais basculer dans le film, laura, vertigo, blue velvet, il y avait là une totale implication cinématographique dans ta démarche -et soudain les mots champ / contrechamp prenaient une nouvelle signification
ma question visait évidemment à l'émotion que cela allait forcément provoquer chez toi et je t'invitais à ne pas la réprimer, à écrire (ailleurs, sur ton blog, sur d'autres blogs), à écrire la schizophrénie, à écrire la dépossession, à écrire qui tu étais et qui tu n'étais plus
je n'avais pas de conseil à te donner, tu avais la finesse nécessaire pour (sur)vivre (à) cette expérience -une condition quand même : il fallait renoncer aux amitiés, aux apostrophes, devenir (peut-être) la part sombre d'emmanuel, la barre était mise haut, il ne fallait pas lâcher, il y avait quelque chose à découvrir (de toi / de vous deux / de l'écriture même -du blog et au delà) à travers l'alias

5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Hahaha ! Un nouvel alias ?
Merci, lo pour cette publication de notre échange. La photo est extraordianire, cher JP.

23:45  
Blogger ECHINE said...

Je m'étonne toujours, quoique l'écriture ne soit jamais innocente et laisse à postériori des marques indélébiles, qu'on multiplie ses personnalités d'écrivants, chose finalement courante dans la blogosphère.

(Je m'étonne, je ne critique pas. C'est en effet d'un étonnement dont je parle.)

Le débat - passionnant - reste ouvert : écrire pour rassembler ce qui est épars n'exige-t-il pas, pour cet exercice, justement, la réappropriation intrinsèque d'une seule et même identité ? Et assumer cela ?

Oui, j'aime à m'appréhender en tant qu'être multi-stratifié. Cela me renvoie à ma condition triviale d'être faillible, bordélique et cyclosensible.

Cette fragilité terriblement humaine m'enthousiasme. Et m'offre, finalement, un fantasme de liberté puisque je m'autorise à l'auto-contradiction, et, à travers cela, au lâcher-prise.

Certes, il n'y a pas de règles.
Heureusement, c'est beaucoup plus joyeux comme ça...

(Oui, sublime photo, tellement émotionnelle.)

15:34  
Blogger jp/lh. said...

je crois que l'identité unique que tu convoques s'exprime à travers le style -et ceci, quel que soit le nombre, la variété plutôt, de personnalités qui écrivent
la schizophrénie de l'écrivain -et sandrine a rejoint pour quelques heures le rang des fous (mais pourquoi, diable, avoir fait marche arrière si tôt?)- est implicite, elle est nécessaire à la création (littéraire, en tout cas)
lh.

23:46  
Anonymous Anonyme said...

Pourquoi me suis-je arrêtée si vite ? Parce que je me suis sentie glisser. :-)
Sur le style : Pessoa le réinvente totalement en fonction de ses hétéronymes, à tel point qu'on est guère en mesure d'identifier l'écrivain, si ce n'est au prix d'une longue exégèse. D'où la fascination que suscite l'oeuvre monstre du portugais.

10:10  
Blogger jp/lh. said...

… et l'une des raisons de son intranquillité, sans doute
cela dit, sandrine : y aurait-il eu du bon à l'abandon?
et ne regrettes-tu pas l'expérience amorcée, avortée, perdue, lost en somme?
lh.

20:08  

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