24.3.06

l'image

il ne sortait jamais sans un livre, c'était devenu plus qu'une habitude : une nécessité, il arpentait les rues, le livre serré contre la poitrine entre ses bras croisés, à la manière d'une petite vieille ou d'un très jeune enfant, il le tenait contre lui, comme un objet cher, d'une valeur inestimable, une relique sacrée, quelque chose qu'il ne pouvait se permettre de perdre ou d'endommager, il protégeait le livre tout autant que le livre, son caractère magique, mystérieux, le protégeait, amulette inédite, les gens le regardaient passer avec un sourire, il se demandait parfois ce que l'on dirait de lui s'il venait à mourir, il se demandait quelle image ils garderaient de lui dans le quartier et c'était inévitablement cette image-là qui s'imposait alors : celle d'un homme-enfant aux bras serrés contre lui, le front plissé, sérieux comme on l'est à quatre ans quand on est investi de la mission importante de porter les assiettes jusqu'à la table de la salle à manger, lorsque l'on sait que la moindre distraction pourrait vous être fatale et vous priver à jamais de la fierté des adultes

8 Comments:

Blogger ECHINE said...

Belle - belle - image !
Emouvante et belle...

07:45  
Blogger jp/lh. said...

heureux de votre incursion dans notre emploi du temps, échine
la bande-son entêtante et nostalgique de votre blog m'accompagne ce matin tandis que je vous ajoute fièrement à nos liens
lh.

10:37  
Anonymous Anonyme said...

Oui, c'est touchant, d'une folie douce. Et est-ce "un livre", un objet-talisman en soi, ou "son livre", toujours le même : dans ce cas, les paris les plus fous sont ouverts, depuis L'Ancien Testament jusqu'aux Secrets de santé de Rika ZaraÏ...

13:55  
Blogger jp/lh. said...

est-ce important?
ou encore : est-ce vrai?
ou mieux : n'est-ce pas la même chose, que le livre soit unique ou n'importe quel livre au fil du temps?
lh.

14:38  
Anonymous Anonyme said...

Je comprends bien ce que tu dis, mais je pense que ce n'est pas la même chose. N'importe quel livre, c'est une folie douce, une manie, la couverture de Linus. Un truc lunaire, à fort pouvoir symbolique. Un livre PRÉCIS, c'est restrictif, c'est une fixation sur un sujet précis, forcément, une névrose singulière.
Troisième option, c'est vrai : un livre toujours le même, simplement parce qu'il est là, mais sans même savoir son contenu.
C'est peut-être, finalement, celle que je trouve la plus belle. Donc je te rejoins.

16:13  
Blogger jp/lh. said...

enfant, j'avais des draps charlie brown…
lh.

17:06  
Anonymous Anonyme said...

...et aujourd'hui des caleçons Calvin Klein. Eh oui...

00:30  
Blogger jp/lh. said...

hom, voyons…
lh.

21:16  

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