30.11.08

la capitale



on s'apprêtait à vivre une nouvelle séparation, brève, qui me rendrait paris au quotidien pendant que tu respirerais à l'heure méditerranéenne, j'avais la possibilité, en eusse-je ressenti le besoin, d'approfondir le passé que j'avais ressuscité lors du précédent voyage ou au contraire, de m'en détacher totalement pour ne regarder que devant moi, j'avais réservé des places pour une création de danse contemporaine, pris des engagements auprès de rencontres plus récentes, évité les pièges dans lesquels je tombais régulièrement, je n'attribuais plus à la capitale le rôle décisif qu'elle avait incarné jusqu'à présent, c'était une ville parmi d'autres villes, dans laquelle j'avais vécu certes, mais pas plus que je n'étais niçois, je n'étais parisien, mon identité se déplaçait à grande vitesse, je n'appartenais à personne

28.11.08

la neige



on prévoyait la neige depuis plusieurs jours, on n'y croyait pas beaucoup, on se souvenait collectivement de la dernière fois où il avait neigé sur nice, les palmiers recouverts et les chutes acrobatiques des vieux professeurs de lycée qui avançaient à pas de loup, on prenait brusquement conscience de ce que la vie, d'un événement particulier à la répétition du même événement, avait de cyclique et d'impitoyable, sur des sites en vogue on retrouvait les camarades de classe ou les étudiants perdus de vue, on comparait les visages avec mesquinerie, on se trouvait selon le cas mieux ou moins bien loti, on avait eu vingt ans, on en avait quarante, la neige elle tombait, pareille, en milliards de flocons qui n'atteindraient jamais le sol, on aurait soixante ans, quatre-vingt, les cheveux blancs, et puis

25.11.08

la suède



on entrait sous la douche sur la pointe des pieds, on ouvrait prudemment le robinet mais l'eau chaude se faisait rare et on maudissait la vétusté de l'installation, on avait brûlé dans paris, entre salle de bains et chauffage, tandis que le froid s'installait sur la capitale, nice dardait ses rayons de soleil sur l'appartement à travers les fenêtres grandes ouvertes et l'on y séchait en tremblant, le corps isolé des tomettes glacées par un tapis épais, on pensait à la suède, aux contrées nordiques, on n'était pas frileux et c'était une chance, on redécouvrait les joies de la bouillotte dont la chaleur nocturne rappelait la fourrure d'un animal ronronnant contre ses jambes, nez et doigts s'engourdissaient par-dessus la couette et face à l'ordinateur, on invitait la saison les bras tendus, on l'avait tellement espérée

23.11.08

le quotidien



on avait quitté paris à huit heures quatre, après un court voyage en bus jusqu'à la gare de lyon et un café en terrasse malgré le froid matinal qui descendait du nord et viendrait recouvrir l'europe de neige les jours suivants, on avait dormi jusqu'en avignon, on s'était émerveillé du bleu marine de la méditerranée balayée par le vent et du rouge des rochers de l'estérel, on retournait au sud, on tournait le dos au passé, on roulait vers un hiver lumineux et clair, décembre allumerait bientôt ses guirlandes éclectiques autour des palmiers de la promenade des anglais, on était heureux de retrouver le quotidien

20.11.08

la rupture



j'avais quitté paris de nuit, après un dernier repas rue des écoles, dans la voiture d'une amie de longue date qui m'en avait secouru, on avait pris des nationales désertes après le périphérique, dormant à tour de rôle sur le siège passager, mes bagages s'entassaient sur la banquette arrière et dans le coffre mais il n'y avait pas tant de choses que cela à sauver de ma vie parisienne et le déménagement s'était fait en une fois, deux ans après mon départ j'étais retourné au sud — quelques semaines plus tard, je rompais avec le fleuriste et suite à une dépression profonde, je tombais gravement malade et rentrais à nice

19.11.08

l'enfermement



j'avais pourtant été un homme dans paris, le statut m'y avait poursuivi et rattrapé, des costumes obligés dans le travail aux amants que j'avais eus et pour lesquels il n'y avait aucun doute, l'enfermement avait continué d'arrondissement en arrondissement, puis de la capitale à la ville rose où je cherchais mon identité seul, dans un pavillon avec jardin pendant que le fleuriste lui travaillait, j'avais démissionné de l'agence de publicité, rompu mes attaches familiales, j'avais quitté le treizième et sa décadence pour me réfugier dans une chambre de bonne, métro censier une fois de plus, dont j'avais obturé les fenêtres pour ne plus voir la lumière du jour — et surtout qu'elle ne me regarde pas

18.11.08

la confirmation



je me souvenais du premier soir à paris, que je considérais comme tel parce qu'il avait été celui de ma libération, je revenais de montlhéry où le troisième régiment d'infanterie de marine avait finalement perdu patience et accepté la possibilité que je sois réellement une fille dans le corps d'un garçon, j'avais pris un train à bout de souffle, puis une correspondance qui m'avait déposé à censier à la tombée de la nuit, j'avais ouvert de grands yeux en redécouvrant les vitrines des magasins et l'affluence dans les rues, le retour à la vie civile avait gonflé mes poumons d'un air saturé de gaz d'échappement qui me comblait et je rayonnais bel et bien, épuisé par le mois d'emprisonnement mais survivant avant tout, j'avais eu gain de cause face à la pire des administrations et c'était sans doute là la plus belle de mes victoires, paris serait éternellement liée à cette confirmation

17.11.08

les manigances



le coiffeur avait une chatte noire qui aimait se noyer dans sa chevelure longue et bouclée, elle ondulait de sa chambre à la mienne, dont les portes restaient dans les premiers temps toujours ouvertes, dormait indépendamment avec lui ou moi, ignorait royalement les invités que nous recevions à dîner, complices, sans remarquer que notre relation agaçait, particulièrement le grand blond qui nous avait mis en contact et qui, lors d'un de mes déplacements, avait dormi et baisé dans mon lit, contraignant le coiffeur au mensonge quand j'avais découvert des draps propres à mon retour et des messages qui n'étaient pas pour moi sur mon répondeur, les portes s'étaient alors définitivement closes, le grand blond avait poursuivi ses manigances, m'isolant davantage jour après jour, et la chatte, trahie, avait perdu sa confiance et choisi elle aussi son camp

jeff koons, pink panther, château de versailles

16.11.08

le pluriel



je nouais des amitiés solides en dehors des milieux que je fréquentais au quotidien — le travail, la cohabitation — pour pouvoir respirer loin d'eux dans les moments où ça n'allait pas, je rencontrais ainsi un chapelier (presque) fou qui organisait des dîners thématiques et colorés, un dépressif chronique avec lequel je plongeais régulièrement en eaux troubles devant un plat de nouilles, un couple échangiste qui recevait généreusement sur leur moquette dans le dix-huitième, un groupe d'adolescents sur le tard qui rêvait d'épopées futuristes, je passais d'un univers à l'autre sans le moindre mal, j'avais des capacités d'adaptation hors du commun et une empathie quasi-surnaturelle, je ne jouais pas la comédie mais me fondais dans le rôle, la différence me nourrissait, je me découvrais pluriel et je m'y retrouvais

15.11.08

la fuite



on montait à paris nourri d'un espoir farouche, avec cette soif d'anonymat et de rencontre que la vie urbaine à grande échelle permettait, du moins le croyait-on, on découvrait au quotidien la dimension réelle de la ville, qui était celle de sa rue, de son quartier, de son arrondissement au mieux, et que l'on fuyait au même titre que l'on avait fui la province, vers l'arrondissement voisin, puis le suivant, et le suivant, jusqu'aux portes de la capitale où la campagne, brutalement, sauvagement, avalait les cris et étouffait les révoltes, on empruntait alors rer et métros en sens inverse, parfois même un avion, pour revenir au point de départ — je passais quelques jours de vacances sur la côte d'azur

josé damasceno, projection, espace topographie de l'art

14.11.08

la chambre de la reine



je visitais pour la première fois versailles avec un fleuriste que j'hébergeais le week-end dans mon appartement, avant qu'il ne décrète qu'il n'aimait pas paris et que ce serait mieux que je le suive à toulouse, je posais le visage contre les carreaux du château, tournant le dos à la galerie des glaces et à la chambre de la reine, je laissais mon regard courir le long des toits et échapper vers le ciel, rejoignant dans ce geste les regards avant moi, et les aspirations, mortes de n'avoir été que des rêves sans espoir, j'acceptais pour me soustraire à un destin tragique de voler vers le sud un vendredi sur deux, je collais le nez au hublot, puis à la vitrine d'un magasin de fleurs, formulant des vœux imbéciles qui ne se réaliseraient pas, j'aimais à contre-temps, c'était l'hiver et je flétrissais à vue d'œil

jeff koons, large vase of flowers, château de versailles

13.11.08

jean-pierre et laurent



les hommes ne m'intéressaient pas suffisamment pour que je pousse les relations au-delà de la nuit que je passais avec eux, à quelques exceptions près : ainsi ce laurent à qui je consacrais une semaine entière, entre son appartement du dix-huitième et son magnétoscope qui diffusait pour moi en boucle les aventures du lieutenant ripley, et que je quittais au téléphone, depuis l'agence, sans autre raison que de quitter quelqu'un, vraiment, pour la première fois; ou ce jean-pierre maghrébin d'origine toulousaine, dont le corps en lianes se déroulait sur le matelas de ma chambre et auquel j'offrais en cadeau de rupture mon baladeur cd, parce qu'il lui allait mieux qu'à moi quand on marchait dans le forum des halles — des autres j'oubliais du prénom jusqu'à l'existence, sans tristesse, sans regret

12.11.08

l'intérêt



l'agence avait pignon sur cour, elle s'était établie dans d'anciennes écuries près de république et j'en poussais la porte avec bonheur le matin après une demi-heure de métro depuis maison blanche, j'avais quitté ma cousine pour le treizième arrondissement mais on travaillait à présent ensemble et les conversations que l'on avait eues dans son appartement se poursuivaient sur un canapé en cuir entre deux rendez-vous, elle avait un associé, qui était un ami et que j'apprenais à connaître jour après jour, et un collaborateur qui me jalousait sans que j'en comprenne la raison, j'avais été définitivement engagé après un contrat juteux et espéré, le salaire avait rassuré mon banquier et mes parents, il m'avait fallu un an pour vivre confortablement dans paris — la quitter prendrait exactement le même temps, je me tenais pile au milieu de ma vie comme cet arbre qui grandissait au centre de la cour et que je regardais sans cesse, intrigué par l'intérêt qu'il éveillait en moi

11.11.08

la folie des grandeurs



je rencontrais à paris des gens célèbres, qui venaient à la maison chercher un conseil auprès du coiffeur ou que l'on retrouvait ensemble au restaurant, il avait la manie d'appeler chacun par son prénom, particulièrement en son absence, ainsi je ne savais jamais au début à quel gérard ou à quelle sophie il faisait référence, je fréquentais un groupe qui parlait haut et fort et se targuait de placer l'amitié au-dessus des conventions ou des différences, le coiffeur était noir, d'une famille nombreuse et modeste, on avait des origines communes aussi l'entente était parfaite en tout point, jusqu'à la cuisine que l'on faisait de la même manière et à tour de rôle après les mises au point nécessaires à la cohabitation, je riais et vivais au-dessus de mes moyens, dans un tourbillon d'alcools et d'insomnies, la folie des grandeurs en vérité, je n'avais aucune idée de ce qui se passait réellement autour de moi

10.11.08

jacques chirac



par l'intermédiaire d'un ami kinésithérapeute qui avait ses entrées à la mairie du premier, on me proposait un appartement de la ville de paris, jacques chirac n'était pas encore président et j'avais des scrupules à accepter l'aubaine quand il fallait des mois à un dossier sans piston pour aboutir à un simple rendez-vous préliminaire, parallèlement un ami coiffeur se débarrassait de sa colocataire dans le treizième et m'offrait la moitié de son trois pièces à un prix raisonnable, j'avais pesé le pour et le contre, je ne savais pas alors qu'entre l'indépendance et la cohabitation, il fallait toujours favoriser la première, jacques chirac ferait la même erreur quelques années plus tard — pour ma part j'emménageais rue des peupliers

9.11.08

les destins parallèles



on partageait un lit à deux places, ma cousine et moi, surplombé par une bibliothèque massive qu'elle empêchait de tomber, debout, le corps en parade, les nuits où elle faisait des crises de somnambulisme, elle ne supportait pas de retrouver des poils quand elle passait après un homme dans la douche et je traquais les miens de peur de la contrarier, elle travaillait dans la publicité, moi pas encore, elle rentrait parfois à deux heures du matin avec ses amis et je sortais de sous la couette pour boire un coup avec eux jusqu'au matin, on jouait au flipper dans les cafés de la rue cardinal lemoine en se racontant notre vie sexuelle, l'amour ne demandait pas qu'on lui consacrât sa vie ou son quotidien, elle ne l'avait pas rencontré, et moi non plus, on avait des destins parallèles, on ne faisait alors que s'en douter

8.11.08

le passé



ce n'était pas forcément simple de rencontrer le passé aux coins des rues de paris, se souvenir impliquait de mettre les pieds dans les traces de personnes disparues, un travail archéologique emprunt de sentiments controversés, il ne suffisait pas de déterrer les ossements, il fallait être capable de les prendre en mains et de savoir quoi en faire, parfois je rendais les armes et abandonnais la dépouille exhumée sur le bord du trottoir, inutile, à d'autres moments je sentais que la reconstruction demanderait du temps et j'étalais le squelette sur plusieurs plans afin que l'image d'ensemble prenne sens, on choisissait sa voie sur un coup de tête, on souriait d'abord, fier de son idée, puis on enfonçait les poings dans les poches, on courbait la tête et on avançait malgré tout

7.11.08

l'hôtellerie



derrière le comptoir, je lisais, je jouais avec le minitel, je recevais des appels personnels, je planifiais des sorties, je surveillais mes comptes, je me demandais ce que je ferais plus tard, dans la vie, le patron de l'hôtel affirmait que je ne faisais pas l'affaire ce que je réfutais absolument, clientèle et employés m'adoraient, je parlais plusieurs langues contrairement à lui, qui rencontrait quelques problèmes avec la grammaire française quand le ton montait, je tenais un accueil téléphonique de qualité, chaleureux et grave, qui m'avait valu des propositions professionnelles et d'autres qui l'étaient moins, on s'était finalement entendu sur un départ négocié contre ma promesse de ne pas le laisser en plan avant qu'il m'ait trouvé un remplaçant, j'avais alors ajouté à la liste de mes occupations quotidiennes la rédaction de mon premier roman, ce qui avait enthousiasmé mes nombreux admirateurs et anéanti mes chances de faire carrière dans l'hôtellerie

6.11.08

la tenue de travail



j'avais occupé quelques mois le poste de réceptionniste dans un hôtel du dix-septième arrondissement près de l'étoile, l'établissement avait été offert à son bon à rien de fils par un honorable bourgeois d'âge mûr qui m'avait expliqué qu'il serait de bon ton de porter une cravate et d'éviter les jeans, par égard pour la clientèle et pour éviter un conflit inutile avec le jeune patron qui, l'excusait son père, avait des idées très arrêtées sur pas mal de choses tout en favorisant les cinq à sept payés au noir des banquiers voisins avec leur secrétaire, nous avions, le vieil homme et moi, une complicité étrange qui agaçait son fils et que je n'avais comprise qu'un samedi soir où je l'avais découvert au zinc d'un bar que je fréquentais assidûment, tenant la grappe à un gogo cow-boy bien monté, tandis que le reste de la famille se reposait à la campagne — j'avais admis que les fréquentations de monsieur ne regardaient ni madame, ni le fils prodigue, et j'avais opté dès lors pour une tenue de travail plus décontractée

5.11.08

la déviance



je restais dans le cinquième chez une cousine du côté paternel qui avait développé un intérêt pour moi le jour où je lui avais appris au milieu de la rue que je me séparais de mon copain, elle avait retenu sa démarche dynamique pour insister sur le genre du possessif et nous nous étions attablés afin d'en discuter davantage, l'homosexualité me transformait à ses yeux, l'orientation était une qualité, pas tant suivant la règle des poncifs ressassés autour des hommes qui le sont qu'à cause d'un contexte familial où la déviance quelle qu'elle fût passait mal — ou prêtait à médisance —, l'admiration silencieuse que je lui portais moi-même avait été révélée ce jour-là et elle avait très vite proposé de m'héberger dans son studio sous la contrescarpe après quoi, l'affaire réglée, on était allé au pressing récupérer les costumes sombres dont elle se vêtait uniquement

4.11.08

la rayure



je découvrirais par la suite que les couples d'hommes attisaient ma curiosité, qu'elle fût sexuelle ou non, j'avais cette faculté à pénétrer leur entité de façon sournoise, voire perverse, une fois à l'intérieur je sabordais inconsciemment leur relation en mettant le doigt au cœur des conversations sur tout ce qui n'était pas résolu et que leur confiance — bien que je ne la sollicitasse point — me permettait de saisir, je m'attachais pourtant véritablement à eux et leur fracture inéluctable me laissait à mon tour sur le carreau, anéanti, la partie se terminait souvent par des rencontres unilatérales qui de toute évidence ne satisfaisaient plus personne et je rayais ainsi paris méthodiquement sur mon plan de la ville, arrondissement après arrondissement

carter, galerie yvon lambert

3.11.08

les parents



le couple d'amis se partageait entre le cinquième arrondissement et un appartement métro glacière dans lequel j'immigrais lorsque le premier, musicien, avait besoin de la place pour répéter en vue d'un concert, je dormais donc soit chez l'un, soit chez l'autre, comme un gosse qu'on se refile après un divorce, il arrivait que je sois seul ici ou là mais le plus souvent je remplissais un vide que manifestement l'autre ne comblait plus, j'avais été d'abord ému par la confiance que les deux garçons me témoignaient en m'accueillant ainsi jusqu'à ce que leur relation dégénère, ou plutôt que je comprenne que la raison de ma présence chez eux, toute pratique qu'elle s'avérait être pour moi, était déjà la marque de cette dégénérescence — ils s'étaient séparés peu après mon départ, j'avais un jour claqué la porte avec grand bruit, ingrat, comme on quitte ses parents

2.11.08

le vrai moi



je sortais d'une relation difficile à laquelle je n'avais pas eu le courage de mettre fin, je comptais sur la distance entre nice et paris pour s'en charger — et ça avait été le cas en effet —, je croyais d'une manière absolument naïve relayée par le couple d'amis qui m'hébergeait qu'il fallait que je change pour que ma vie prenne sentimentalement un autre chemin, il fallait renoncer à la séduction immédiate et partir en quête du vrai moi, sûr de mes nouvelles forces et bien qu'on m'eût prévenu que c'était trop tôt, j'étais allé dîner avec des hommes que je connaissais peu, l'un d'entre eux avait proposé de me ramener en voiture mais il devait passer chez lui auparavant si je n'y voyais pas d'inconvénient, j'avais compris le lendemain matin que la naïveté était un faible qualificatif en ce qui me concernait

1.11.08

le point de chute



je prenais l'avion un week-end sur deux, entre blagnac et orly, j'empruntais la navette qui rejoignait villejuif pour attraper la ligne 7, je vivais alors à maison blanche en colocation avec un coiffeur réunionnais qui travaillait dans le cinéma, j'avais appris à connaître paris par la rive gauche bien que mes parents aient habité près de la maison de la radio quand j'étais enfant, je n'avais pas de souvenirs du périphérique encombré ni de départs en vacances tendus, paris restait pour moi la ville la plus simple au monde, je respirais dans le métro un air de liberté vicié et d'anonymat salutaire, je m'y étais installé après des études de médecine ratées à nice, je n'avais pas d'argent en poche mais un point de chute incontournable dans le cinquième arrondissement, chez des amis qui ne l'étaient plus