26.9.07

la vie commune



on avait commencé par du rangement, on avait ouvert de grands sacs-poubelle et des cartons, on avançait en parallèle, chacun sa pièce, sans se consulter, c'était de l'ordre de la survie, il y avait des changements, on tournait une page, on ne prenait pas un nouveau départ mais on élaguait sérieusement, passaient entre nos mains douze années de vie commune, il ne fallait pas s'endormir sur ses lauriers, le passé n'avait jamais été une terre solide sur laquelle on pouvait bâtir mais au contraire un gouffre obscur qui avalait goulûment nos existences et dont nous étanchions l'appétit à coups de machette dans les souvenirs — puisque la bête avait faim, autant s'occuper soi-même des courses et choisir sa nourriture, le magasin avait de quoi rassasier l'animal pour quelques décennies encore

"hôtel nantes", tatzu nishi

19.9.07

le rendez-vous



on avait des projets, il y avait des expositions à ne pas manquer dans plusieurs villes de france et à l'étranger, il y avait des concerts, des dates éparses qu'il ne fallait pas oublier, on voulait faire des choses, on voulait bouger, quitter nice pour le plaisir d'y revenir, mettre le loisir à profit, on s'était dit qu'il nous faudrait un emploi du temps de la taille du mur de la cuisine pour noter tout ce qu'il ne fallait pas qu'on rate, on s'était rappelé qu'on en avait déjà un, qui avait une taille très honorable et que l'on avait rempli au quotidien l'année précédente, rien ne nous empêchait de l'utiliser à cette fin, de manière ponctuelle, un point tous les mercredi par exemple, comme les sorties au cinéma, un rendez-vous hebdomadaire

13.9.07

millau



on avait quitté la résidence le dernier jour du mois de juillet, on était revenu à nice début septembre, août était étrangement rayé de la carte, c'était comme s'il s'était établi un pont direct, temporel mais aussi géographique et créatif, entre la résidence et la rentrée, la vie avait recommencé avec la confirmation de ma participation au prochain numéro d'une revue parisienne et la traversée d'un viaduc écrasé de soleil, le silence, avec l'été, prenait fin